Il n’a « rien de plus à dire » mais il est capable de parler de l’affaire pendant plus de 20 minutes. C’est tout le paradoxe de la conversation téléphonique entretenue avec Marc Lledo, le maire de Chevaline.
Et c’est plutôt symptomatique de l’état d’esprit des élus de ces communes qui ont été embarqués dans un tourbillon médiatico-judiciaire dont ils se seraient bien passés. Dans les jours, les semaines, les mois qui ont suivi le drame et à chaque fois que l’enquête connaissait un rebondissement,
ils étaient en première ligne, ceux à qui tous les journalistes voulaient parler. Dans le viseur des « chasseurs de scoop », la tuerie de Chevaline
a rythmé leurs mandats. Bien malgré eux.
Le maire « ne connaît pas le lieu de la tuerie »
Le maire de la commune devenue tristement célèbre a pris le pli. À chaque nouvel appel d’un journaliste, qui d’après lui se font de plus en plus rares, c’est la même mécanique. D’abord, Marc Lledo précise qu’il a été élu
en 2014 et qu’il n’était donc pas en place au moment du drame. Ensuite,
il rappelle que Chevaline a été associée à tort avec le nom de la tuerie, les faits s’étant déroulés sur le territoire de Doussard. Enfin, Marc Lledo, maire actuel de Chevaline, stipule que pour contacter son prédécesseur durant l'affaire, Didier Berthollet, il faut obligatoirement passer par lui. Il lui envoie les coordonnées puis l'ancien édile « vous rappellera s’il le souhaite ». Mais il n’a jamais rappelé.
Pour prouver qu’il n’a rien d’intéressant à dire, le maire actuel le clame haut et fort : il n’est jamais remonté sur les lieux du crime.
« Ça ne m’intéresse pas », affirme-t-il. Encore plus surprenant, l’élu certifie qu’il ne connaît même pas le lieu exact du drame. Et les journalistes ? Simplement « deux ou trois » sollicitations aux dates anniversaires. « Nous ne sommes absolument pas assaillis par
les médias », atteste-t-il.
« Il ne vous répondra pas »
Même son de cloche du côté de la mairie d’Ugine. Endeuillée par la disparition de Sylvain Mollier, la commune savoyarde veut tourner la page. C’est notamment le cas de Michel Chevalier, adjoint au maire, qui a eu la lourde tâche d’annoncer la mort de Sylvain Mollier à sa compagne. Une épreuve sur laquelle il ne souhaite en aucun cas revenir. Jointe par téléphone, la secrétaire de mairie a été franche : « Pour être honnête, je ne pense pas qu’il vous répondra. » Un employé de la mairie le confesse : à l'époque, ils ont dû faire face à un afflux conséquent de journalistes.
Un déferlement médiatique bien connu du côté de Doussard. Même sentence qu’à Chevaline et Ugine : impossible de rencontrer un élu. Heureusement, le hasard fait bien les choses. Sur le parking du Martinet, au fil d’une discussion, une promeneuse s’avère être une conseillère municipale. À la simple évocation de l’évènement, l’élue se braque.
Et sa réponse fuse : « Nous avons tous été beaucoup sollicités par les médias. Personnellement, j’ai tout dit. » Pour elle, cette histoire ne mérite pas d’être ressassée : « À part des impacts de balles, vous ne trouverez plus aucune trace de tout ça. » Sauf un peu d'agacement.